Quelques fleurs mellifères:

Le châtaignier.

( vers aubépine  ,   vers acacia   vers tilleul  vers genêt )

 Le châtaignier se trouve à l'état spontané surtout dans la moitié Sud de la France, en particulier dans le Limousin, les Cévennes, l'Ardèche, les Maures, la Corse. Il exige des sols siliceux ou décalcifiés et un climat doux et lumineux. Il craint le froid et les sols calcaires. Originaire d'Asie Châtaignier du limousin.mineure, c'est une essence de demi-lumière, à croissance rapide, à cime développée, au tronc gros et court, qui peut atteindre 25 à 30m de hauteur. Il peut vivre plusieurs siècles. En peuplement mélangé avec des résineux ou en peuplement pur, il constitue un bon moyen de protection contre les incendies.

  Il donne un miel sombre, brun et l'on y retrouve le goût trés caractéristique du marron. Châtaignier vient du latin castanea, lui-même dérivé du grec kastanon. Ce nom ferait référence à Kastanon, une ville de Thessalie renommée dans l'Antiquité pour la qualité des châtaignes qu'on y récoltait.

Les Châtaigniers sont des arbres majestueux à cime large, avec des troncs forts pouvant atteindre jusqu'à 10 m de circonférence. C'est une essence ligneuse économiquement importante. En France, on en rencontre beaucoup dans le sud de l'Ardèche et dans les Cévennes en Corse,en Bretagne, dans le Limousin, en Auvergne, dans les Pyrénées et dans les Alpes méridionales. Les châtaigneraies occuperaient à l'heure actuelle une superficie supérieure à 500 000 hectares soit environ 4 % du domaine forestier français .
La plantation fruitière est plus répandue hors forêt et fait appel à des sujets greffés, mais elle est en nette régression .
Essence durable, en raison de sa richesse en tanin, c'est un bois qui résiste bien aux attaques des champignons et se prête à tous les travaux d'usinage et de façonnage, car il est facile à fendre.
Utilisé pour la fabrication de panneaux de particules, le taillis de châtaignier fournit du bois de feu mais aussi des piquets, pieux, perches, huisseries, lames de parquets, échelles, maillets, manches d'outils, etc.... et sert aussi en tonnellerie.
La vannerie de châtaignier utilise la faculté du châtaignier à se fendre en fines lamelles appelées "éclisses" pour réaliser un mobilier rustique, solide et confortable.
Les plus grosses billes sont utilisées en sciages pour la menuiserie et les petites pièces de charpente. C'est la principale essence employée pour la production d'extraits tannants.

Dans la zone tempérée de l'hémisphère Nord, vivent aujourd'hui entre 10 et 14 espèces de Châtaigniers. Ces essences ligneuses sont parfois vieilles de plusieurs siècles. Les feuilles ornementales, oblongues et profondément dentelées, atteignent de 12 à 20 cm de long. Les fleurs mâles et femelles apparaissent en juin,portées sur de longs chatons verticaux. Les fruits sont de grosses noix brunes et coriaces, enveloppées par deux ou par trois dans une bogue verte, enveloppe recouverte de piquants qui éclate, à l'automne, en deux ou quatre lobes. Les châtaignes comestibles contiennent jusqu'à 35% d'amidon, des albumines, des dextrines, de la saccharose, de l'huile et d'autres matières nutritives. La richesse de ses fruits fait cultiver le châtaignier depuis des millénaires. On peut en trouver des preuves en Italie du Nord, dans des fortifications circulaires datant de l'époque du bronze, mises au jour par des fouilles ; en Espagne on les connaît depuis le Néolithique. Le site d'origine du Châtaignier semble être tout le bassin méditerranéen, les pays du Proche-Orient jusqu'en Iran. Dans ces civilisation, on désignait les châtaignes comme des « noix d'Hêraklion », des « glands de Sardaigne » ou encore des « noix de cataignier ». Beaucoup de langues nationales désignent le Châtaignier par un nom qui rappelle sa dénomination latine - Castanea. Au cours des millénaires, on a sélectionné des espèces à grands fruits, les Marronniers. A partir de ces fruits, on entreprit jadis, à Lyon, de préparer les premiers nougats : châtaignes, miel et caramel. Le Châtaignier est une essence ligneuse qui aime les climats chauds, mais ses cultures ont depuis longtemps franchi leur frontière nord, la Drave, affluent du Danube. En Europe centrale, les châtaigneraies les plus anciennes datent de 1679, quelques spécimens de vieux arbres y vivent encore. Historiquement, l'arbre serait arrivé chez nous via la Grèce et l'ltalie dès le premier siècle après J.C. II y prospère alors en choisissant ses terrains de prédilection en fonction de leur acidité (pH 4,8-5,5), de leur exposition (les ubacs dans le Midi), de leur altitude (rarement au-dessus de 600-700 mètres) mais surtout en fonction du climat : la température ambiante doit être chaude pour que la pollinisation se fasse dans d'excellentes conditions. Aussi, très sensibles aux grands froids, les Les chatons.châtaigneraies furent-elles anéanties certains hivers rudes, notamment en 1685 dans les Cévennes, ou 1709 en Limousin ou durement éprouvées récemment en 1956.
Débarrassée de sa bogue piquante, la châtaigne, sorte d'akène, se présente avec son enveloppe brune et brillante qui la protège du dessèchement : c'est le péricarpe, communément nommé écorce ou première peau. La seconde peau c'est le tan (à cause des tanins qu'elle contient) ou encore petite peau : elle cache la partie nourricière du fruit, l'amande, de couleur éburnéenne tirant plus ou moins sur le jaune.   La châtaigne peut être utilisée fraîche pendant la châtaignaison, soit consommée grillée (prendre soin alors de fendre son écorce sous peine de la voir exploser), bouillie (décortiquée ou non). Elle entre dans diverses préparations culinaires : pâtés, boudins, soupes...; on ne saurait passer sous silence la populaire dinde de Noël accompagnée de ses indissociables marrons, le rôti de porc frais aux marrons... La confiserie (sous forme de marrons glacés), la confiturerie et la pâtisserie l'utilisent aussi. A noter que le marron ne serait pas à proprement parler une variété botanique de châtaigne, mais plutôt une variété commerciale.
    Ramassée en automne, la châtaigne peut difficilement se conserver au-delà de Noël, habitée par des larves d'insectes (balanin, carpocapse..), quand elle n'est pas envahie par les champignons de la pourriture noire ou de la pourriture brune. La dessiccation est le moyen de conservation efficace le plus généralement utilisé et ce, depuis fort longtemps. C'est au séchoir, nommé clède en Ardèche, ou encore clée, clédier, clédo... que se passe cette transformation : au rez-de-chaussée d'un petit bâtiment d'un étage, souvent isolé des maisons d'habitation, brûle un feu doux, desséchant les châtaignes déposées en couches sur la claie de l'étage supérieur. Le tas de châtaignes est remué sans cesse jusqu'à dessiccation totale. En Limousin on préfère les blanchir. La châtaigne est immergée complètement dans de l'eau pendant cinq jours, ainsi les vers et autres parasites sont noyés. Ensuite les châtaignes sont mises à sécher sur des grillages. Une fois bien séchées elles sont pelées (soit au couteau soit en les passant dans des brûleurs au butane)  et ensuite elles sont brassées et brossées dans de l'eau très chaude. Le tanin extérieur est ainsi enlevé, la châtaigne est prête à être séchée ou même à être conservée par le froid dans les congélateurs.

La valeur calorique de la châtaigne fraîche est supérieure à celle de la pomme de terre et celle de la châtaigne sèche dépasse celle des céréales. Si la châtaigne est très riche en sucres (amidon surtout), elle est par contre relativement pauvre en protides et en lipides. Cependant, les vitamines B et C, de même que les sels minéraux, sont en concentration très appréciable. Bien que l'organisme puisse grâce à la néo-protéogénése ou la néo-lipidogénèse, compenser le manque d'apport en protéines ou en lipides par transformation biochimique des sucres, il ne faudrait pas abuser d'un régime à base strictement de châtaignes car il mènerait inéluctablement à des carences . Heureusement, rares furent les régimes limités à la consommation unique de châtaignes : nos ancêtres y ajoutaient toujours, même en petite quantités, des laitages, du lard, des viandes, des fruits sauvages, apportant ainsi un minimum de protéines, de lipides, de minéraux plastiques (calcium, magnésium...), d'oligo-éléments, de vitamines et d'acides amines essentiels. Ainsi, beaucoup de chercheurs relèvent que les populations des zones castanéicoles jouissaient d'une santé bien meilleure que celles des gens des cités. Donc, jusqu'à très récemment, la châtaigne a été le plat de base de nombreuses populations paysannes, en particulier durant la plus mauvaise saison : l'hivernale. En effet, en montagne la châtaigne a souvent pallié le manque d'autres ressources nourricières, comme les céréales (froment, blé, orge, seigle...) plus présentes dans les zones de plaine. Sans elle, une famine à l'état endémique aurait régné dans ces contrées ; la conservation du fruit, à l'état sec, a fait que souvent elle permettait de supporter sans trop de dommage une à deux années de mauvaises récoltes. La production française est passée de 512.000 tonnes en 1880 a 136.000 en 1950 puis à 41.000 en 1976, ce qui nous place au quatrième rang en Europe après l'ltalie, l'Espagne et le Portugal mais très loin derrière le Japon, premier producteur mondial.

Si on a longtemps considéré la châtaigne comme synonyme de pauvreté, c'est par ce que ses lieux de consommation correspondaient à des zones économiquement faibles où vivait une classe sociale particulièrement démunie. Cette considération, devenue par la suite une affirmation péjorative, a été renforcée par l'assimilation de cette sorte de nourriture à celle des porcs, animaux éminemment peu distingués. II n'en fallait pas plus pour que cette logique simpliste rende la châtaigne responsable d'avoir relégué celui qui en consommait au rang de la gent porcine. Ceux qui ont émis ce jugement dépréciatif n'avaient sûrement pas les mêmes préoccupations de survie que ceux qui les subissaient véritablement ! Aussi doit-on, avec un souci de réhabilitation légitime dans un contexte historique et social, rendre au châtaignier et à la châtaigne, même s'ils n'ont plus l'importance d'antan, les honneurs auxquels ils ont droit en tant que bienfaiteurs de la Nation ; ce n'est qu'une juste reconnaissance, ne serait-elle que celle du ventre !!!

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