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Abeilles : les taches...

          Une ouvrière est elle polyvalente ? : oui !

 

 Dans une colonie d’abeilles, toutes les ouvrières sont semblables et pourtant diffèrent entre elles par les tâches qu’elles accomplissent. Un ensemble de mécanismes de communication permet à la colonie de fonctionner de manière très efficace et bien plus que s’il s’agissait d’un agrégat d’individus identiques.

La répartition du boulot :

La vie de l’abeille ouvrière adulte comprend plusieurs périodes auxquelles correspondent des changements particuliers de certains organes. Elle vient au monde complètement formée mais physiologiquement immature. Son évolution, à laquelle est liée sa longévité, est influencée par les conditions de vie et l’état de la colonie.

La répartition temporelle du travail s’effectue en fonction de l’âge de l’abeille et ainsi elle effectue toute une série de travaux au cours de sa vie. La nature du travail permet de reconnaître 4 séries d’activité qui se succèdent partiellement dans le temps. Ces séries sont caractérisées par un ensemble spécifique d’activités elles mêmes cantonnées dans des endroits bien précis dans la ruche. A ces changements d’activités succèdent des modifications des sécrétions glandulaires.

Voici la répartition des activités d’une abeille en fonction de son âge :

Du 1er au 2ème jour qui suit sa naissance l’abeille bébé se livre au nettoyage des cellules.

Du 2ème au 11ème jours l’abeille travaille prés du couvain, elle nourrie les larves et prend grand soin du couvain. Elle est peu agressive, elle pouponne. Elle ne connait rien de l'agressivité du monde qui l'entoure, l'innocence... Ensuite, dans cette période, elle prends soin de sa reine en la nourrissant et en la léchant longuement (et s'imprègne de son odeur) puis elle devient cirière car ses glandes cirières se sont développées, elle construit alors les rayons dans la ruche. Si le temps est très chaud elle devient bien volontiers ventileuse pour rafraîchir sa ruche et éviter la fonte des rayons.

Du 11ème au 20ème jour elle travaille à la périphérie du nid à couvain, elle continue à construire les rayons et assure principalement la réception du nectar à l’entrée de la ruche et le stockage du pollen : c’est une magasinière. Elle a construit les rayons donc elle sait parfaitement où se situent les emplacements vides capables de recevoir le nectar apporté par ses copines butineuses. Elles est aussi nettoyeuse et évacue les déchets vers l’extérieur. Elle se charge aussi de polir l'intérieur des alvéoles. S’il le faut cette fée du logis devient gardienne pour chasser les intrus et n’hésite pas à se servir de son aiguillon.

Au-delà du 20ème jour l’abeille devient une butineuse et récolte nectar, pollen et autres résines. Les butineuses ont en charge l'approvisionnement de la ruche. Chaque matin, l'abeille va butiner dans les champs de fleurs où elle a travaillé les jours passés ou part, sur les conseils d'autres abeilles, à la découverte de nouvelles plantes. Une fois posée sur une fleur (voir ici les fleurs mellifères), l'abeille en écarte les pétales, plonge sa tête à l'intérieur, allonge sa trompe et aspire le nectar qu'elle met dans son jabot. Elle sait s'orienter en fonction de la position du soleil dans le ciel (de part sa vision dans l'ultraviolet) et communique avec ses congénères par odeurs à l'aide de ses antennes. Exténuée, elle rentre à la ruche, dépose son chargement dans la bouche d'autres ouvrières magasinières. Le travail est harassant, surprenant même, car c'est un peu comme si nous, homo sapiens, étions à l'échelle de l'abeille, capable d'aller débusquer une glace à la vanille située sur l'Ile de la Réunion...

.Il y a chez cette travailleuse infatigable (qui d’ailleurs ne dort jamais) une grande flexibilité, selon les besoins de la colonie une ouvrière peut accomplir une besogne différente, de même elle n’accomplit pas forcement toutes les taches en rapport avec son âge. La colonie bénéficie de grandes capacités d’adaptation face à des conditions extérieures ou à des besoins nouveaux. Ainsi des butineuses peuvent redevenir nourrices et cirières si de jeunes abeilles viennent à manquer pour élever le couvain. Un important apport de nectar ou de pollen lance à l’extérieur davantage de butineuses. Dans les butineuses, des groupes spécialisés dans l’exploitation d’espèces mellifères différentes peuvent rapidement apparaître en cas de besoin. Ainsi pendant les fortes chaleurs on observe des butineuses porteuses d’eau ou véritables abeilles citernes capables de transporter de grandes quantités d’eau, pour rafraîchir l’intérieur de la ruche.

 

 

 On distingues deux générations d’ouvrières de longévité différente et qui pourtant ne présentent aucune différence morphologique: les abeilles d’été et les abeilles d’hiver.

Un cadre de hausse gorgé de miel Les premières ont une durée de vie de l’ordre de 5 à 6 semaines, disons de 60 à 70 jours. Elles meurent d’épuisement à la tâche. En effet une abeille, en été, est capable de parcourir une centaine de kilomètres dans la journée. Ce sont elles qui récoltent le nectar qui deviendra le miel et que l'apiculteur récoltera dans les cadres de la hausse (grenier à miel installé au-dessus de la ruche).

Les abeilles d’hiver naissent vers l’automne à un moment où le couvain est réduit et ainsi les larves sont mieux nourries. Elle à d’autant plus de chance de vivre longtemps qu’elle naît tard dans la saison. Ces abeilles vivent 6 à 8 mois. Pour l’abeille, l’hiver débute fin octobre pour se terminer début mars. Son activité est réduite et les sortie rares. Elle hiverne (mais n'hiberne pas). Des journées favorables, où la température dépasse les 11 degrés, permettent aux abeilles de sortir de la ruche et de réaliser un vol de propreté (défécation). La colonie vit sur ses réserves accumulées pendant la bonne saison (c'est pour celà que l'abeille est autant travailleuse et accapareuse), le poids des ruches diminue d’un kilo par mois. Après le solstice d’hiver la ponte de la reine reprend, les mortalités sont faibles. Quelques unes se risquent à aller chercher un peu de pollen sur les premières fleurs de noisetiers lorsque la température s’approche des 10 degrés. Nous sommes déjà au mois de février ou même en janvier...

Quelle bosseuse pourtant !

L'abeille pèse environ un dixième de gramme. Elle peut rapporter la moitié de son, poids, soit 0gr05 ; mais souvent elle ne rapporte que 0gr02 par voyage. Pour un apport de 1 kilogramme de miel, il faut donc que l'abeille fasse 50 000 voyages ou que 50 000 abeilles fassent un voyage. L'abeille peut faire par jour une vingtaine de voyages de 1 km aller et retour pour rapporter 0gr40 de miel. La récolte de 1 kg de miel représente donc plus de 40 000 kilomètres, soit plus que le tour du monde !

Un animal bien adapté

La nature, ne laissant rien au hasard, a créé avec l'abeille un insecte complètement adapté aux différents rôles qu'elle assume au sein de la ruche. 

Ses yeux sont très mobiles et très perfectionnés. Ils lui permettent de voir partout autour d'elle, même derrière. Les yeux sont à facettes: c'est-à-dire composés de nombreuses petites lentilles ou ommatidies. L'ouvrière possède 4500 facettes par œil; la reine, pour qui la vision est de peu d'utilité n'en a que 3500. Quant au mâle, il est primordial qu'il soit capable de repérer une reine à grande distance, s'il veut être le premier à la féconder: ses yeux ont 7500 facettes chacun. Chaque ommatidie se présente et fonctionne comme un récepteur visuel indépendant qui capte la partie du champ visuel situé juste devant lui, mais aucune image ne s'y forme: celle-ci est recomposée à partir des informations transmises par l'ensemble des facettes. Un objet situé dans le champ visuel de l'œil de l'abeille émet des rayons dans toutes les directions, intéresse l'œil dans sa globalité, mais seul le rayon dirigé exactement dans l'axe du rabdomère ou bâtonnet rétinien sera enregistré. Chaque ommatidie se compose :
+ d'une lentille frontale recouverte de chitine, comme la cuirasse qui protège le corps de l'insecte (ce revêtement correspond à la cornée de notre œil);
+ d'un cône cristallin transparent qui réfracte la lumière;
+ d'un récepteur photographique (cellules réceptrices de lumière appelées aussi cellules rétinales) ; Les photorécepteurs sont rangés en rayons, comme les tranches d'une orange;
+ de cellules pigmentées qui séparent les ommatidies les unes des autres comme le ferait un doigt de gant. Les cellules pigmentées travaillent pour que seuls les rayons lumineux parallèles à l'axe de l'ommatidie atteignent les photorécepteurs du bâtonnet rétinien ( le rabdomère) et déclenchent l'impulsion nerveuse. Les rayons lumineux obliques sont absorbés par la paroi noire des cellules pigmentées;
des cellules réceptrices sensibles à la couleur. Le système de vision de l'abeille est trichromatique et ressemble en beaucoup de points à celui de l'homme (voir plus loin).

Une myope...
Chaque ommatidie ne saisit qu'un point lumineux de l'image entière. Le rassemblement de tous ces points de lumière construit une photoComment l'abeille voit les couleurs. granuleuse, en canevas, comme la trame des journaux ou les pixels de votre écran. La capacité de déchiffrage de l'œil de l'abeille est plus faible que celle de la plupart des vertébrés. Il a été mesuré que l'abeille ne décrypte que le 60eme de ce que voit l'œil humain. Cela signifie que deux obstacles distincts, que l'homme peut distinguer séparément à une distance de 18 m ne seraient vu distinctement par l'abeille qu'à partir de 30 cm. Plus l'objet est loin, moins de facettes voient l'objet et plus difficilement il est déchiffrable. La complexité de l'œil interdit toute possibilité de précision. Quand un objet se déplace dans le champ de vision, les ommatidies sont actionnées ou éteintes à tour de rôle. Il résulte de cet effet de compilation que les insectes peuvent bien mieux estimer si un objet est en mouvement ou s'il est immobile, et réagir en conséquence. Par exemple, on a constaté que les butineuses visitent avec plus d'empressement les fleurs ballottées par le vent que celles qui sont immobiles. Le décryptage de l'image (qui bouge) est plus efficace avec un oeil d'abeille qu'avec l'œil humain, car l'œil complexe procure de loin une plus grande rapidité d'analyse, une fréquence plus élevée de vision séquentielle. L'abeille a une vision trichromatique (3 couleurs). Chaque ommatidie contient neuf cellules réceptrices : quatre sont sensibles au vert, deux au bleu et deux à l'ultraviolet que l'homme ne perçoit pas. Par contre l'abeille n'est pas sensible au rouge. Ces huit cellules fournissent à l'abeille une image colorée de son environnement dont le rouge est absent, mais sensible à l'ultraviolet. La 9e cellule est sensible à la lumière polarisée mais ne participe pas à la reconnaissance des formes. Les fleurs qui nous paraissent uniformément colorées sont bien différentes vues par l'abeille. Les ultraviolets font apparaître des lignes qui convergent des pétales vers le cœur de la fleur la où se trouve le nectar. Elle est incapable de les faire pivoter pour diriger son regard vers un objet qui l'intéresse.
Les ocelles (sortes de yeux situés sur le dessus de sa tête) distinguent la lumière et l'obscur et rendent ainsi, l'animal capable de situer l'emplacement et le mouvement d'un objet. Pour voir de près, l'abeille utilise ses trois yeux simples (ocelles) placés sur le sommet de sa tête.
Elles ne donnent aucune image, mais permettent à l'insecte volant de stabiliser sa ligne de vol par rapport à l'horizon (localisation de la ligne sensiblement horizontale séparant le ciel clair de la terre). On peut dire que le corps en vol est bien stabilisé, quand les deux ocelles supérieures sont bien éclairées et que l'ocelle inférieure qui est dirigée sur l'horizon absorbe moins de lumière. Dans la ruche, les ocelles permettent à l'abeille à s'orienter vers la sortie.

Ses antennes percées de trous minuscules, lui servent de "nez". Les abeilles sont très sensibles aux odeurs, elles peuvent repérer des sources de nectar lointaines et communiquer entre elles par sécrétions "odorantes".

Sa bouche comprend deux mandibules puissants qui servent à couper, pincer, raboter, façonner les écailles de cire, pétrir la propolis, construire les parois des cellules...L'abeille possède une trompe dotée d'une langue coulissante qui lui permet de pomper au plus profond des fleurs. Il s'agit d'un organe composé qui se forme chaque fois que l'abeille a besoin de puiser le nectar. La trompe résulte de la réunion des palpes labiaux et des galéas maxillaires qui constituent ainsi une sorte de tube dans lequel coulisse la langue protractile et dont le fonctionnement s'assimile à celui d'une véritable pompe d'aspiration. La longueur de la langue varie en fonction des races, légèrement plus courte chez les faux-bourdons (longueur entre 5,5 mm et 7 mm). Elle est indispensable aussi bien pour aspirer le nectar que pour fabriquer le miel et la cire. A l'intérieur de la tête, on trouve également les organes vitaux essentiels comme par exemple les glandes avec lesquelles la reine secrète la "phéromone", substance qui garde la famille unie et incite les ouvrières à produire lagelée royale.

Ses six pattes sont également un outil de travail très perfectionné : les pattes antérieures, munies de petites ventouses lui permettent de saisir le pollen, de s'accrocher à tout support, de nettoyer ses antennes. Les pattes postérieures poilues et creusées comme des cuillers, sont dotées de sacs à pollen, où elle charge et amasse son précieux butin, ainsi que de crochets qui lui permettent de se pendre les unes aux autres pour former un essaim ou une chaîne cirière. L'abdomen contient le jabot, sorte de réservoir où l'abeille accumule le nectar, le miel, le miellat, l'eau, qu'elle peut ensuite rejeter au fur et à mesure de ses besoins. Ses deux paires d'ailes membraneuses offrent une moindre résistance à l'air, lui permettent de voler dans tous les sens, en avant, en arrière et sur le côté, d'être de puissants ventilateurs et de produire des sons particuliers servant de moyen de communication. L'abeille, comme la guêpe, possède un dard, mais elle, elle ne pique qu'une seule fois, en cas d'urgence, pour défendre son territoire et ses réserves : son aiguillon barbelé planté ne peut se retirer et arrache une partie de son abdomen et elle meurt rapidement.

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