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Victor
HUGO (1802-1885)
Les feuilles d'automne
Le soleil s'est couché
ce soir...
Le soleil s'est couché
ce soir dans les nuées. Demain viendra l'orage, et
le soir, et la nuit ; Puis l'aube, et ses clartés de
vapeurs obstruées ; Puis les nuits, puis les jours,
pas du temps qui s'enfuit ! Tous ces jours passeront;
ils passeront en foule Sur la face des mers, sur la face des
monts, Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où
roule Comme un hymne confus des morts que nous aimons.
Et la face des eaux, et le front des montagnes, Ridés
et non vieillis, et les bois toujours verts S'iront rajeunissant
; le fleuve des campagnes Prendra sans cesse aux monts le
flot qu'il donne aux mers. Mais moi, sous chaque jour
courbant plus bas ma tête, Je passe, et, refroidi sous
ce soleil joyeux, Je m'en irai bientôt, au milieu de
la fête, Sans que rien manque au monde, immense et radieux
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