Les violents orages et les inondations dans le sud-est, qui ont paralysé la circulation dans la vallée du Rhône, ont provoqué la mort de onze personnes et fait trois disparus dans le Gard, l'Hérault et le Vaucluse où le plan ORSEC a été déclenché lundi.

Le corps d'un enfant a été retrouvé à Rousson, près d'Alès. Une femme âgée a été découverte noyée dans sa maison à Quissac, au nord-ouest de Nîmes, selon la préfecture du Gard. Un homme d'une cinquantaine d'années est mort à Fons (740 habitants), au nord-ouest de Nîmes, une femme à Saint-Laurent-des-Arbres, au nord d'Avignon, et une autre à Domazan, à l'ouest d'Avignon. Un cadavre a également été repêché à Saint-Quentin-la-Poterie, dans les environs d'Uzès.

Dans l'Hérault, un pompier d'une quarantaine d'années se trouvait toujours dans un état critique lundi à l'hôpital de Montpellier après avoir failli se noyer en portant secours à des personnes bloquées dans leur voiture.

Le plan ORSEC a été déclenché lundi à 10H00 par la préfecture du Gard parlant d'une situation "très préoccupante". Le bulletin d'alerte de Météo France, qui place le Gard au plus haut niveau de vigilance, dit "rouge", ne prévoyait pas d'amélioration avant lundi 18H00.

La préfecture prévoyait de nouvelles crues dans la région de Sommières, qui avait déjà subi une importante inondation en 2001. Cette ville de 4.000 habitants est construite pour moitié dans le lit du Vidourle, fleuve côtier torrentueux du Languedoc bien connu pour ses crues dévastatrices.

Des "valeurs exceptionnelles" ont été enregistrées sur le nord du Gard. Depuis dimanche après-midi, plus de 600 mm d'eau sont tombés à Anduze et environ 500 mm à Alès. 40.000 foyers étaient privés d'électricité dans le Gard.

L'armée a été appelée en renfort, mettant à disposition 12 véhicules et un hélicoptère. Cinq cents sapeurs-pompiers de plusieurs départements, une centaine de gendarmes, 25 militaires et 70 volontaires de la Croix-Rouge étaient toujours mobilisés dans le Gard.

Dix-sept centres d'hébergement ont accueilli 1.100 personnes. Le ramassage scolaire a été supprimé et la population "vivement encouragée" à rester chez elle.

En Vaucluse, on a relevé plus de 300 mm de pluie dans la zone de Châteauneuf-du-Pape, à l'heure où débutent les vendanges. Orange était coupée du monde. Les écoles, collèges et lycées de Vaucluse ont été fermés.

Les inondations ont complètement isolé la vallée du Rhône, avec la fermeture de l'A 7 au niveau d'Orange (Vaucluse), de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), ainsi que dans le sens nord-sud à hauteur de Ternay (Rhône). Un moment empruntée pour contourner l'A 7, l'A 9, noyée sous un mètre d'eau, a été coupée dans les deux sens à hauteur de Nîmes. "La vallée du Rhône est donc entièrement coupée", a déclaré un chargé de communication des Autoroutes du sud de la France.

Une déviation par les nationales et départementales n'est pas non plus possible, celles-ci étant "particulièrement dégradées et n'autorisent pas la mise en place de déviations", selon le Centre régional d'information routière (CRIR).

La situation était particulièrement critique dans le Gard, où plusieurs ponts se sont effondrés dans la région de Sommières et d'Aubais.

La SNCF a conseillé à ses clients se rendant vers le sud-est de la France de différer leurs voyages, la desserte des TGV et trains classiques ayant été suspendue entre Avignon et Nîmes.

Les intempéries ont également touché l'Ardèche, où plus de 400 campeurs ont été évacués. Une dizaine d'autres départements du sud de la Loire, dont la Haute-Loire, l'Ardèche et la Drôme, ont été placés par Météo France en "vigilance orange".

NIMES, 10 sept (AFP) - Le soleil est pourtant revenu dans l'après-midi dans le département. Le niveau de l'eau, qui atteignait encore 2 mètres dans certains quartiers d'Aramon mardi midi, reculait "d'heure en heure", selon les secours.

Il était temps car plusieurs fissures étaient signalées dans les digues du Petit-Rhône, qui se situe à l'est du Rhône de l'autre côté de la Camargue. Elles étaient en cours de colmatage en début de soirée. Il est tombé autant de pluie dans le Gard depuis dimanche qu'en un an à Paris, un phénomène "exceptionnel mais pas inédit", selon Météo France. La pluviométrie maximale a été relevée à Anduze, où il est tombé 680 mm en 24 heures environ, soit six fois plus qu'une pluie normale de septembre. A Nîmes, 762 mm d'eau ont été enregistrés, soit autant qu'en une année, a-t-on précisé.

Dans le Vaucluse, 390 mm d'eau sont tombés sur Châteauneuf-du-Pape, soit six mois de pluie sur la région parisienne, et 314 mm à Orange. Du côté des assureurs, le coût sera "nettement inférieur" à celui des inondations de 1999, a estimé la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA).

La Commission européenne "aidera les autorités françaises dans la reconstruction économique des zones touchées", a déclaré mardi le commissaire européen, Michel Barnier.

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10/09/02 19:15